Le risque d'industrialisation de l'élevage

Le porteur de projet présente le chiffre de 1200 taurillons est  comme la taille d’atelier minimale pour être économiquement viable, avec seulement deux salariés à plein temps.  Cette affirmation n’est étayée par aucune information.  Aucun autre scénario n’est envisagé, avec une modification du nombre de bovins ou une autre méthode d’exploitation.  On constate que le projet privilégie la production d’électricité et assure un débouché pour l’usine de production d’aliments de Liot Châtellerault, et discrédite tout autre mode d’élevage.


Un débouché pour l’usine d’aliments de la société Liot Châtellerault

 L’engraissement des taurillons se fera par une alimentation sèche et de la paille. Pour le porteur de projet, c’est le seul mode d’engraissement  envisageable : « Il n’y a pas d’engraissement de bovins possible à partir de l’herbe.» (Rapport commissaire enquêteur p. 97)

Cette affirmation est celle d’un industriel producteur d’aliments pour animaux à base de céréales. La société Liot voudrait  faire oublier que les bovins sont des ruminants qui ont la capacité de se nourrir d’herbe et d’en tirer l’énergie qui leur est nécessaire.

Dans la généralisation de cette conception d’un élevage industriel, l’exploitant est entièrement dépendant des industriels de l’agroalimentaire et des producteurs de céréales. Ses coûts de production dépendent du marché des céréales. Il ne produit plus l’alimentation pour ses animaux, n’a plus besoin de surfaces cultivées.

 

Un autre mode d’élevage est possible

 Les défenseurs de ce projet font croire que tout autre mode de production est un archaïsme, non viable, défendu seulement par des nostalgiques. Pourtant, des éleveurs actuels témoignent de l’intérêt d’un engraissement à l’herbe.  Cela permet

- de capter la majorité de la valeur ajoutée,

- de réserver les céréales pour la consommation humaine,

- de diversifier les débouchés vers plus de local,

- d’être plus souple dans la commercialisation car les animaux gras qui attendent coûtent peu.


Des bâtiments optimisés pour la production d’électricité, mais inadaptés pour le logement d’animaux

Les 3 bâtiments  d’élevage, de 150 m de long et 35 m de large,  sont  de type monopan, avec auvent, et orientés sud.  Ces bâtiments recouverts de panneaux  photovoltaïques seront construits par la société Technique Solaire.  Manifestement, leur conception vise  à optimiser la production d’électricité, mais ils  sont inadaptés au logement des bovins. Il est en effet impossible d’assurer une ambiance de qualité en raison de la très grande largeur sans relais de ventilation.  D’autre part, l’orientation plein sud n’est pas la meilleure pour la ventilation des bâtiments.

 

Les Chambres d’agriculture invitent à la vigilance en ce qui concerne les bâtiments proposés par les sociétés de  photovoltaïque : « Des entreprises proposent de plus en plus des bâtiments couverts en panneaux photovoltaïques clé en mains . Ces constructions optimisées pour la production d’électricité́ ne répondent pas toujours aux préconisations des bâtiments d’élevage». Les plans des bâtiments  prévus à Coussay entrent précisément dans le cas de figure déconseillé.


 Un risque sanitaire

La réglementation sanitaire impose des contrôles ayant pour but de prévenir l’apparition, la propagation ou l’aggravation de maladies. De manière générale, un examen vétérinaire sur tout bovin introduit est obligatoire. Mais ces examens ne seront pas réalisés dans l’atelier de Coussay qui entre dans une catégorie dérogatoire : l’atelier d’engraissement de taurillons en bâtiment  est exempt de tout ou partie de ces tests.

 

Pourtant les risques sont élevés : "Que les broutards proviennent de l’exploitation ou soient achetés à l’extérieur, ce sont des animaux stressés par le sevrage, le passage de l’herbe à la stabulation (changement de milieu et d’alimentation), les éventuels transports, l’allotement… Le stress diminue la résistance aux maladies.

Les troubles sanitaires chez les jeunes bovins peuvent impactés fortement le revenu des exploitations qui engraissent ces animaux du fait de la mortalité ou dans une moindre mesure des retards de croissance des animaux malades." (Chambre d'agriculture de l'Orne)

 

Dans le projet de Coussay, toutes les conditions sont réunies pour la propagation des maladies : absence d’examen vétérinaire sur les 30 taurillons entrant chaque semaine, pas d’espace de mise en quarantaine des nouveaux arrivants, un entassement des taurillons dans des bâtiments mal ventilés. Cela risque de se traduire par un recours aux antibiotiques.

Suppression de la procédure d'autorisation pour les élevages de 800 bovins

Un décret du 5 décembre 2016, allège les contraintes pour la création de fermes avec un grand nombre d’animaux. Il est signé du premier ministre Manuel Valls, et de la ministre de l’environnement Ségolène Royal. Une telle réforme était attendue par Xavier Beulin, qui l'avait annoncé au dernier congrès de la FNSEA.

 

Le décret double les capacités d’accueil  pour les élevages de bovins soumis seulement à la procédure d’enregistrement, sans  étude d'impact, ni enquête publique.

L’autorisation n'est nécessaire qu'à partir de 800 animaux. La ferme usine de Coussay-les-Bois reste donc soumise à autorisation. Mais la porte est maintenant ouverte à tous les projets allant jusqu’à 800 bovins.

Ainsi, le centre d’engraissement de St-Martial-le-Vieux en Creuse va pouvoir accueillir 800 broutards.  L’autorisation avait été suspendue par le Tribunal Administratif… elle n’est plus nécessaire.

 

Pour en savoir plus : >>>  Décret n° 2016-1661 du 5 décembre 2016 modifiant le code de l'environnement et la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement