Les prévisions d’élevage des taurillons ne respectent pas l’autorisation d’exploiter

La durée d’engraissement est allongée et les poids diffèrent

Le texte sur la détermination du BFDR (page 42) indique :

« La période d’engraissement des taurillons est en moyenne de 10 mois, avant de pouvoir réaliser la vente du bovin. Pour la réalisation de notre étude, il a donc été prévu la vente des taurillons après engraissement :

·      Au bout de 9 mois : pour 25 % des taurillons

·      Au bout de 10 mois pour 50 % des taurillons

·      Au bout de 11 mois : pour 25 % des taurillons »

 

Dans l’étude prévisionnelle, les calculs des coûts de production sont faits sur la base de taurillons :

·      Achetés à 330 kg, 

·      Engraissés 300 jours (soit 10 mois)

·      Vendus à 780 kg

 

Les données  du dossier complémentaire diffèrent donc de celles annoncées dans le dossier de demande d’autorisation. Dans la demande, les taurillons ne sont engraissés que 8 mois.

·      Achetés à 350 kg, 

·      Engraissés 240 jours(8 mois)

·      Vendus à 720 kg

 

Dans l’étude prévisionnelle, la variation de poids minore le coût d’achat et majore le prix de vente. L’allongement de la durée d’engraissement (passage de 8 à 10 mois) modifie la capacité de production annuelle. 

 

 Ces performances d'engraissement ne sont pas réalistes

Les performances présentées pour la durée d’engraissement de 240 j sont totalement irréalistes, un GMQ (Gain Moyen de poids Quotidien) de 1540 g/jour n’est pas atteignable sur ce type d’élevage dans la mesure où il y a un temps d’adaptation des animaux à l’entrée dans l’élevage, des soucis sanitaires dus à l’effectif important et surtout à la base une variabilité du potentiel des animaux importante. 

Les performances présentées pour la durée d’engraissement de 300 j sont moindres (GMQ 1430 g/jour) mais sont là aussi incohérentes, en effet le bovin étant un ruminant, il y a une chute de la croissance en fin de période d’engraissement avec ce type de ration (paille sèche plus granulés), donc le poids objectif de 780 kg ne peut en aucun cas être une moyenne.  

Le nombre de taurillons produits annuellement dépasse les 1500 annoncés

Le Dossier d’Autorisation d’Exploiter a été déposé pour une production d’environ 1500 animaux par an. Les prévisionnels d’exploitation prévoient 1275 ventes de bovins la seconde année, et une montée en charge avec 1725 ventes la troisième année, 1693 la quatrième année. Cet effectif dépasse largement la production annuelle annoncée (1500). 

L’autorisation pour 1200 taurillons n’est pas respectée

Ce dépassement d’effectif est totalement en déphasage avec l’allongement de la durée d’engraissement. Du fait de la durée d’engraissement d’une moyenne de 10 mois, une production de plus de 1700 taurillons ne peut être atteinte qu’en dépassant le chiffre de 1200 taurillons présents dans l’élevage.

 

Si l’on reprend les données sur le nombre de bovins achetés chaque mois, présenté dans le tableau SCEA Les Nauds, prévisionnel d’exploitation, et les durées d’engraissement (vente après 9, 10 ou 11 mois d’engraissement), on observe une montée progressive de l’effectif et un dépassement constant à partir du neuvième mois.  A partir du dixième mois, l’effectif dépasse 1350. A partir du onzième, il dépasse 1400. 

L’étude financière n’est pas cohérente avec le reste du dossier. Elle n’est pas non plus cohérente avec elle-même. Elle prévoit une production qui suppose de dépasser l’autorisation demandée pour 1200 taurillons. 


Les produits sont surestimés

Les calculs des coûts de production font apparaître une marge sur coûts variables de 15 % :

« Les coûts standards de production conduisent à une marge sur coûts variables par tête de 327,36 €, réduite à 303,67 € après prise en considération de la mortalité. Pour l’année 3, la marge est de 15 % ».

 

Vente de bovins engraissés : 1 965,60 € 

Achats bovins pour engraissement : 1 009,80 € 

Achat de nourriture : 434,59 € 

Achat paille : 150,90 € 

Eau : 18,85 € 

Vaccins vétérinaires : 25,15 € 

Prestation enlèvement fumier:  7,55 € 

Transports sur achats : 15,09 € 

Total coût variable après mortalité : 1 661,93 € 

 

Marge sur coûts variables : 303,67 € 

 

Dans l’alimentation, on constate la disparition du fourrage (il était prévu 2 kg par animal et par jour).

 

Le prix de vente est surestimé

 

L’étude est basée sur un prix de vente d’un bovin engraissé à 1965 €, sans indication du nombre de kg. Selon nos calculs, ce prix est surestimé.

·     Dans l’hypothèse d’animaux de 780 kg, le rendement « carcasse » de ce type d’animaux est d’environ 60 % du poids vif, donc 780 x 60 % = 468 kg net vendu, soit un prix de 4,20 €/kg 

·     Dans l’hypothèse d’animaux de 720 kg. Le rendement « carcasse » 720 x 60 % = 432 kg net vendu, soit un prix de 4,54 €/kg.

 

En moyenne, sur 5 ans, (chiffres France Agrimer ministère de l’Agriculture) : 3,90 €/kg de carcasse en France. Donc, pour des animaux de 780 kg le prix de vente serait de 1825 € et pour des animaux de 720 kg le prix de vente serait de 1684 € : la marge devient beaucoup moins intéressante.

On ajoutera que le nombre de kg vendus par taurillon est majoré, car il ne tient pas compte de l’effet du jeun.  Pour un poids vif de 780 kg, il faut appliquer un jeun de 5% (contenu digestif) soit 780 kg par 5 % =  39 kg. Le poids est alors de 741 kg. Même en retenant un poids carcasse de 63 %, on obtient 466.8 kg de viande, soit 24 kg en mois et donc presque 100 € de moins.

 

 

La marge est surévaluée

Les coûts fixes sont évalués à 9,63 % des coûts variables. 

« Sur la base d’une activité de croisière sur 1200 têtes, la structure de coûts fixes permet d’évaluer un montant de l’ordre de 160 € par taurillon engraissé. Le ratio coûts fixes / coûts variables est de 9,63 % »

 

Selon l’étude prévisionnelle, en prenant en compte les coûts de production et les coûts fixes, la marge par taurillon engraissé serait donc de 114 €. Du fait de la surestimation des produits, cette marge est surévaluée.